"L'amour du village durera tant que vous n'aurez pas honte, de ce que vous avez fait, ou dit de lui ! " Qui a vist Cassis et noun cassis-forum.com, a ren vist.



Conférence de presse - Mardi 14 janvier 2003
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Rapport et avis du commissaire enquêteur -


ENQUÊTE PUBLIQUE CONCERNANT L'UTILITE PUBLIQUE
DE L’ACQUISITION DE LA CARRIERE SOLVAY PAR LA COMMUNE DE CASSIS
AVIS DU COMMISSAIRE ENQUÊTEUR

Sur le statut juridique des terrains concernés:
Le tènement immobilier dont la commune de Cassis demande l'expropriation est situé entièrement dans les zones NDL et ND2m1 du plan d’occupation des sols de la commune de Cassis. Il ressort des précisions apportées par la commune au sujet de la révision du cadastre effectuée en 1993 qu'il est bien classe dans les sites pittoresques du massif des Calanques par le décret du 29 août 1975, à l'exception de la parcelle cadastrée CP 1 qui se trouve néanmoins incluse dans la zone NDL du POS. La protection du site est assurée surtout par le règlement du POS. Celui-ci dispose que dans la zone NDL dite de protection renforcée ne sont autorisés que des travaux d'intérêt général strictement énumérés aux articles L 146-6. L l4b-8 du code de l'urbanisme. D'éventuels travaux de captage des eaux souterraines sont également exclus. Dans la zone ND2ml, ne sont autorisées que les extensions de constructions existantes, compatibles avec les besoins de gestion des Calanques. Ces dispositions excluent toute possibilité d'utilisation du site à des fins privées, y compris l'utilisation de la bâtisse dénommée le "Château'" comme habitation privée.

Sur le bail emphytéotique du 21 juillet 2000 :
Il ressort des déclarations de M. Godel à l'huissier de justice commis par le Président du Tribunal de Grande Instance de Marseille que ce bail emphytéotique « ne se justifie que pour faire obstacle au droit de préemption mis en place par la Mairie et qui aurait joué, en cas de vente entre les carrières Solvay et lui-même ».( P. 4 du procès verbal de constat). Ce bail précise que "l'immeuble donné à bail est destiné à la construction d'immeubles à usage d'habitation ou à la construction et à l'exploitation d'immeubles et d'équipements à usage touristique ou de bureau, à l'exclusion de toute autre destination." Or, nous venons de voir que le plan d'occupation des Sols ne permet pas une telle destination. M. Godel aurait été bien inspiré de se renseigner sur les possibilités réelles de construction du terrain avant de se soucier de faire échec au droit de préemption de la commune d'autant plus que ledit bail précise que le preneur fait son affaire de l'abandon par le bailleur des matériels, hydrocarbures et produits chimiques entreposés. On ne voit pas où peut être l'intérêt du preneur dans un bail emphytéotique qui ne peut l'autoriser légalement ni à construire ni même à habiter et met à sa charge la réhabilitation du terrain.

Sur le coût de l'opération :
Le coût de l'opération a été estimé par l'administration des domaines à une somme totale de 3 795 000 Francs soit 578 544,02 Euros. Je ne suis pas sûr qu'ait bien été pris en compte l'inconstructibilité du terrain et le caractère mensonger du bail emphytéotique qui en résulte. Les accords transactionnels qui ont été négociés ignorent superbement le droit Public mais toute transaction qui serait consentie à un prix supérieur à l'estimation de l'administration des Domaines exposerait la commune au minimum à des observations de la Cour Régionale des Comptes. Monsieur Godel a payé le prix d'un bail emphytéotique dont les termes devaient lui permettre d'habiter et de construire. Mais la réglementation du plan d'occupation des sols ne lui permettait ni d'habiter ni de construire. Ce n'est pas à la puissance publique de faire les frais d'une convention frustratoire passée entre personnes privées.

Sur l'équilibre des intérêts en présence :
On vient de voir que M. Godel n'a guère d'intérêt à conserver l’usage d-un terrain dont il ne peut légalement rien faire. La société Solvay ne peut rien faire de plus que son locataire emphy1éotique, sauf peut-être réhabiliter le terrain conformément aux prescriptions de l'arrêté préfectoral du 26 juillet 1978. Par contre la commune a le plus grand intérêt à l'acquisition du terrain. pour préserver définitivement le site, garantir son ouverture au public, l'entretenir et le gérer. La gestion actuelle par l'association « Port-Miou pour tous » s'est un peu trop affranchie des règles de droit en effectuant des travaux sans autorisation ni déclaration en méconnaissance des règles fixées par le plan d'occupation des sols et la durée de son activité n'est pas garantie. I1 n'y a donc pas d'atteinte excessive au droit de propriété compte tenu des intérêts en présence.
Le Conservatoire de l'espace littoral et des rivages lacustres estime ne pas avoir été en mesure d'utiliser son droit de préemption en raison de la signature du bail emphytéotique. Même s'il obtenait des tribunaux judiciaires l'annulation de ce bail, il ne pourrait exercer ce droit qu'en cas de vente du terrain par la société Solvay, ce qui n'est pas acquis d'avance. Par contre il n'a pas exercé lui-même le droit d'exproprier qu'il tient de l'article L.322-4 du code de l'Environnement. Rien ne s'oppose dès lors à l'exercice de ce droit par la commune de Cassis. Il est évident que ce terrain ne pourra être utilisé que dans les buts fixés pour obtenir une déclaration d'utilité publique, soit par la commune elle-même, soit par le G1P des Calanques ou par un parc naturel régional ou national s'il est créé. Par contre, toute modification par la commune des règles régissant les terrains en cause l'exposerait à la censure des juridictions administratives.

Conclusion :

L'acquisition de l'ancienne carrière Solvay par la puissance publique répond aux voeux d’une large majorité des personnes qui ont donné un avis. Elle est indispensable pour permettre une ouverture définitive du site au public. Quelques uns auraient préfère l’intervention du Conservatoire de l'espace littoral et des rivages lacustres déjà propriétaire des sites voisins. Leurs craintes de voir la commune modifier les règles d'urbanisme ne me paraissent pas fondées Aucune révision des règles d'urbanisme ne peut intervenir sans enquête publique et sans contrôle de la juridiction administrative. La commune a une assise financière qui lui permettra de résoudre plus facilement les problèmes résultant de l'abandon du site qui relèvent de sa responsabilité : assurer la sécurité, réhabiliter le site, contrôler la circulation et le stationnement des véhicules. informer le public. Son intervention est souhaitée par une large majorité des intervenants. Le Partage du tènement immobilier pour permettre à M Godel d'habiter le « Château » me paraît impossible dès lors que la réglementation du secteur ne permet pas d’y habiter. En outre la commune a besoin de ce bâtiment pour aménager une maison des Calanques destinée à accueillir les visiteurs et à les renseigner.
Au bénéfice de ces observations, je donne un avis favorable à la déclaration d'utilité publique de l'acquisition de l'ensemble de la propriété par la commune de Cassis.
Marseille le 19 décembre 2002.
Le Commissaire Enquêteur.

ENQUÊTE PUBLIQUE CONCERNANT L'UTILITE PUBLIQUE
DE L'ACQUISITION DE LA CARRIÈRE SOLVAY PAR LA COMMUNE DE CASSIS
RAPPORT DU COMMISSAIRE ENQUÊTEUR
OBJET DE L'ENQUÊTE:

La carrière Solvay a été exploitée jusqu'en décembre 1981. Bien que le site ait été classé parmi les sites pittoresques par un décret du 29 août 1975, l'exploitation de la carrière s'est poursuivie jusqu'à cette date en vertu d'une autorisation préfectorale du 26 juillet 1978. Cette autorisation prévoyait en son article 5 des travaux de réhabilitation qui n'ont semble-t-il pas été effectués, du moins en ce qui concerne la revégétalisation. Le site n'a pas été totalement laissé à l'abandon, le Préfet des Bouches du Rhône a prescrit en 1998 des travaux qui ont été effectués par la société Solvay. Le 21 juillet 2000, la société Solvay a passé un bail emphytéotique avec Monsieur Godel. Ce dernier a commencé à entreprendre certains travaux sans déclaration ni autorisation, mais surtout, en ignorant totalement les habitudes prises pendant la période d'abandon de l'extraction et même antérieurement il a dans un premier temps, clôturé entièrement la propriété et en invoquant les risques courus par les randonneurs ou promeneurs, il a pourchassé ceux qui s'y aventuraient, habitudes susceptibles d'avoir créé des servitudes dont l'une au moins, celle relative au sentier douanier, figure en annexe du bail emphytéotique. Cette attitude a provoqué un tollé quasi général parmi les milliers de promeneurs et de randonneurs qui fréquentaient le site et valu à M. Godel de multiples procès verbaux qui à ma connaissance n'ont jusqu'ici pas été suivis de condamnations. Après de multiples discussions et tractations qui n'ont finalement pas abouti, la commune a décidé de demander l'expropriation du site pour créer une réserve foncière par une délibération du conseil municipal en date du 23 juillet 2001 qui précise qu'elle entend constituer cette réserve foncière pour sauvegarder cet espace et le rendre au public. Tel est l'objet de la présente enquête.

DÉROULEMENT DE L'ENQUÊTE:

l) 0uverure de l'enquête:
Par un arrêté n° 2002-74 en date du 25 octobre 2002, le préfet de la Région Provence, Alpes, Côte d'Azur, Préfet des Bouches du Rhône a prescrit l'ouverture conjointe d'une enquête d'utilité publique et parcellaire sur le territoire et au profit de la commune de Cassis en vue de l'acquisition de l'ancienne carrière Solvay, Calanque de Port Miou, afin de constituer une réserve foncière en vue de préserver la valeur patrimoniale des lieux et d'y organiser l'accueil du public. J'ai été désigné par ce même arrêté pour effectuer ces deux enquêtes.

Le dossier d'enquête publique a été déposé à la mairie de Cassis et à la préfecture des Bouches du Rhône et le public a pu en prendre connaissance aux heures d'ouverture des bureaux. Le dossier comportait une notice explicative, un plan de situation et un extrait des documents graphiques du POS de la ville de Cassis, un plan périmétral, une estimation sommaire des dépenses, une lettre conjointe du Ministre de l'Aménagement du Territoire, de l'Equipement du Logement et du Tourisme, du Ministre de la Protection de la Nature et de l'Environnement et du Ministre de l'Agriculture et du Développement Rural en date des 8 et 12 novembre 1973 adressée au Préfet des Bouches du Rhône au sujet de la protection du Massif des Calanques, une copie du décret du 29 août 1975 portant classement parmi les sites pittoresques du Massif des Calanques sur les communes de Marseille et de Cassis, quatre documents et extraits de presse relatifs à l'information préalable du public.
L'avis d'enquête a été publié dans La Provence et dans la Marseillaise des 5 et 19 novembre 2002. I1 a été affiché en Mairie et sur les panneaux d'information municipale.
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2) Réception du public:
Je me suis tenu à la disposition du public à la salle des mariages de 1a mairie de Cassis le 18 novembre 2002 de 9 h à 12 h, le 27 novembre et le 6 décembre de 13 h 30 à 16 h 30. J'ai reçu la visite de 51 personnes Elles m'ont, pour la plupart, demandé des explications et ont ensuite déposé des notes ou inscrit des observations sur les registres d'enquête. Seulement 9 d'entre elles se sont bornées à présenter oralement leurs observations. Elles sont recensées dans la liste des intervenants ci-jointe en fonction de l'opinion qu'elles ont émise. Le nombre important de visiteurs m'a amené à dépasser un peu l'horaire prévu notamment lors de ma deuxième permanence. Au total, près de deux cents personnes physiques ou morales sont intervenues.

5) Les observations Présentées :

Contre l'expropriation :
Monsieur Godel Denis, bénéficiaire du bail emphytéotique, déclare qu'il n'a cessé depuis son arrivée sur les lieux d'être en butte aux tracasseries de la commune de Cassis qui lui a refusé systématiquement toutes les autorisations qu'il a demandées. Il soutient que s'il a été amené à interdire l'accès de la propriété au public, c'est en raison des risques d'éboulement. I1 a depuis lors cédé ses droits sur la propriété à l'association "Port Miou pour tous" qui a aménagé un itinéraire sécurisé ouvert à tous. Il estime qu'une transaction amiable reviendrait moins cher à la commune et qu'il a proposé de céder pour le franc symbolique 23 hectares de terrain à une
institution publique comprenant le parking . le bâtiment situé à l'entrée, les trémies et l'usage par la commune du bâtiment technique situé à l'arrière de son habitation principale. II se dit prêt à abandonner l'ensemble de ses droits moyennant la somme de 4 500 000 de francs. Il produit à l'appui de ses dires un dossier comprenant la très abondante correspondance échangée avec la mairie de Cassis, divers services publics et diverses associations au sujet de sa gestion du domaine, une documentation sur l'activité de l'association "Port Miou pour tous", y compris un droit de réponse à un article estimé diffamant publié par le bulletin municipal de la commune de Cassis, divers articles de presse, un projet de transaction en date du 12 novembre 2000. La composition exacte de ce dossier est précisée dans la liste des pièces jointe à mon rapport.

l'Association Port Miou pour tous est satisfaite de son bilan. Elle estime avoir réussi à légaliser un GR traversant la propriété par une convention signée avec le Comité Départemental de Randonnée Pédestre, â sécuriser une petite partie des 23 hectares destinés au public. Elle a également provoqué plusieurs réunions sur le site pour bâtir des actions cohérentes et concertées en vue de la réhabilitation d'un espace naturel jusqu'ici délaissé. Elle stigmatise le laxisme des années antérieures et la gestion du plan d'eau de la Calanque par la Commune. Elle craint que l'acquisition du tènement immobilier par la commune ne masque des intérêts économiques. Elle estime que la résidence de M. Godel ne représente aucun enjeu dans l'utilité publique du terrain.

Le Centre Régional de la propriété Forestière est satisfait des actions menées à l'initiative de M. Godel et il estime qu'un conventionnement intelligent avec un propriétaire privé est plus efficace qu'une gestion publique.

La Fédération Française de randonnée pédestre souligne que depuis des décennies la propriété Solvay est traversée par des randonneurs, qu'il existe depuis plus de 30 ans un sentier « Vert » n° 8 doublé d'un sentier de Grande Randonnée GR 51 et Gr 98. Elle affirme que depuis l'arrivée de M. Godel les relations ont toujours été excellentes et qu'une convention de passage déterminant le tracé exact de l'itinéraire à suivre pour le gêner le moins possible autour de son habitation a été établie.

M. Espinoza Victor Hugo, Mme Sanchez Gisèle, Ecoforum, Mme Danielle Milon, M. serge Houpikian, se prononcent pour une solution négociée. M. Et Mme Lamy ainsi que Mme Butor ne voient pas l'utilité d'une expropriation pour les habitants de Cassis qui n'ont pas à en faire les frais alors que les Calanques sont fréquentées surtout par des étrangers et que d'autres priorités sont plus urgentes.

Je note tout d'abord que Monsieur Godel n'est pas propriétaire du terrain mais locataire emphytéotique. 11 ne peut pas céder en pleine propriété 23 hectares de terrain. En ce qui concerne le protocole d'accord du ler août 2002, il est heureux qu'il n'ait pas été signé parce qu'il méconnaît gravement bien des dispositions du droit public: autorisation d'habiter alors que le règlement du POS applicable à la zone considérée n'autorise pas l'habitat (les extensions des constructions existantes ne sont autorisées que si elles sont compatibles avec les besoins de gestion des Calanques), renonciation par la puissance publique à exercer les droits que lui confère la loi pour la protection des intérêts publics, établissement de servitudes de droit privé sur le futur domaine public etc... Quant aux 4 500 000 F réclamés par Monsieur Godel pour quitter les lieux ils dépassent largement l'estimation de l'administration des Domaines et les sommes investies (2 500 000 F et 60 000 F de lover annuel), même en y rajoutant 15% d'indemnité de remploi. Je rappelle qu'un des grands principes du droit public c'est que les communes dont les comptes sont placés sous le contrôle des Cours Régionales des Comptes ne peuvent pas payer ce qu'elles ne doivent pas.

En ce qui concerne l'association « Port Miou pour tous » créée à l'initiative de M. Godel qui en a assuré la présidence à ses débuts et qui semble l'avoir largement financée, elle a obtenu la cession des droits que monsieur Godel pense tenir de son bail de 99 ans pour 6 ans seulement et il ressort des projets de transaction qui figurent en pièces jointes que cet accord pourrait fort bien devenir caduque avant ce terme. En outre cette association a créé, sans déclaration ni autorisation des autorités compétentes, pourtant requises par la réglementation en vigueur sur ce site protégé, un chemin balisé nouveau en remplacement d'une partie du chemin douanier existant et une clôture en treillage mécanique de châtaignier autour de la partie du domaine réservé à M. Godel, ce que j'ai pu constater personnellement lors de la visite des lieux effectuée en compagnie de Monsieur Godel et de représentants de cette association dans l'après midi du 18 novembre 2002.

La Fédération Française de Randonnée Pédestre se déclare satisfaite de ce nouveau tracé, mais cet avis ne semble pas partagé par les organisateurs de la Classique Internationale MarseilleCassis qui ont écrit au Maire de la Commune de cassis le 2 décembre 2002 que 90% des participants à la treizième randonnée ont déploré que l'arrivée ne se fasse plus par Port Miou, ce qui représente largement plus de 1500 personnes. Quant aux excellentes relations qui auraient toujours prévalu avec M. Denis Godel, je ne puis que la renvoyer aux 1858 signataires d'une pétition "Non à la fermeture de Port Miou" qui figure dans les pièces jointes au dossier et dans une moindre mesure à la lettre qu'elle a adressée elle-même au maire de la commune de Cassis le 26 septembre 2000 au sujet de l'interdiction par M. Godel de la traversée de sa propriété par les GR 51 et 98.

Le Centre Régional de la propriété Forestière se dit satisfait des actions menées à l'initiative de M. Godel. Je l'invite à prendre connaissance, dans les pièces jointes, des nombreuses mises en demeure et des nombreux procès verbaux dressés non seulement par la Police Municipale. mais également par la DIREN, les Eaux et Forêts, Les services Maritimes.

En ce qui concerne les autres intervenants, favorables à une négociation; je dois rappeler que, dans un Etat de Droit, les règles de Droit ne sont pas négociables et que le règlement du POS applicable à la zone considérée n'autorise pas l'habitat. Les extensions des constructions existantes ne sont autorisées que si elles sont compatibles avec les besoins de gestion des Calanques. Quant au coût de l'acquisition, il ne sera en définitive que peu supporté par les contribuables cassidains, compte tenu des subventions de différents Ministères; de la Région et du Département et du fait que dans le budget prévisionnel de 2003, les impôts locaux n'entrent que pour 22,67% dans les recettes de la commune.

Pour une expropriation au bénéfice du Conservatoire du Littoral et des Rivages Lacustres :

Une quarantaine d'intervenants figurant sur la liste C) se déclarent favorables à une expropriation, mais au bénéfice du Conservatoire du Littoral et des Rivages Lacustres, sans exclure, du moins pour certains d'entre eux, un aménagement par la commune pour mieux accueillir le public. Ils estiment que c'est le seul moyen d'assurer l'inconstructibilité définitive du site. L'association Port Miou-Bestouan-Cassis estime que la commune n'a jamais su préserver les paysages du patrimoine naturel dont elle avait la maîtrise foncière, qu'elle peut modifier le POS et que rien ne prouve qu'une prochaine municipalité ne se lancera pas dans des programmes tout à fait contraires à l'objet annoncé aujourd'hui.
Il est exact que le seul classement parmi les sites pittoresques ne permet pas d'assurer que des travaux ne puissent être entrepris. La preuve en est que le site est classé depuis le 29 août 1975 et que l'exploitation de la carrière s'est poursuivie jusqu'en 1981 en vertu d'une autorisation préfectorale du 26 juillet 1978. Mais depuis lors, la protection du site est assurée surtout par le règlement du plan d'occupation des sols particulièrement exigeant en ce qui concerne les zones NDL et ND2 ml. Il est vrai que le Conservatoire de l'espace littoral et des rivages lacustres ne peut que très difficilement aliéner son domaine, après autorisation donnée par décret en Conseil d'Etat, ce qui constitue une garantie. Il est vrai également que les règles d'urbanisme ne sont pas intangibles. Mais une modification ne pourrait intervenir qu'au terme d'une procédure soumise à enquête publique, placée sous le contrôle de légalité du Préfet et de la juridiction administrative.

Toute acquisition résultant d'une déclaration d'utilité publique ne peut être utilisée que pour les tins définies par la demande de déclaration d'utilité publique, soit en l'espèce la préservation de la valeur patrimoniale des lieux et l'organisation de l'accueil du public. La commune ne pourra effectuer que des travaux conformes à ces objectifs et ne pourront être admis légalement que des équipements légers d'accueil du public. Toute modification des règles d'urbanisme tendant à rendre ces terrains constructibles ne manquerait pas d'être censurée par la juridiction administrative.
D'ailleurs le Conservatoire de L'Espace Littoral et des Rivages Lacustres soutient sans réserves l'initiative de la commune, celle-ci étant plus à même de résoudre les problèmes résultant de l'abandon du site qui relèvent de sa responsabilité : sécurité, réhabilitation, circulation et stationnement des véhicules, information du public. II indique qu'il est disposé à intervenir pour garantir la protection définitive du site naturel et qu'une rétrocession par la commune au Conservatoire des milieux naturels et des espaces boisés non aménagés pourrait apporter toutes le garanties souhaitées. Pour ma part, je trouve cette suggestion intéressante, mais il faudra préalablement examiner de très près les contraintes juridiques d'une telle opération parce que la commune ne peut en principe utiliser un bien acquis par expropriation que dans les buts définis pour que l'acquisition soit déclarée d'utilité publique.
Pour une expropriation au bénéfice de la commune de Cassis :
Près d'une centaine d'intervenants en comptant les conjoints inscrits sur la liste B) se prononcent explicitement pour une expropriation au bénéfice de la commune de Cassis. Ceux qui développent une argumentation font valoir qu'elle est utile pour l'accès au massif, la protection du site et la sécurité du public. Les plaisanciers espèrent qu'elle leur permettra de renouer avec un accès facile à leur bateau. Les randonneurs voient dans cette expropriation la garantie de la continuité des sentiers qui traversent le domaine. L'Office National des Forêts ajoute que l'opération est opportune en matière paysagère, en matière de prévention des risques d'incendie et des autres risques naturels, en matière de gestion de la faune et de la flore et en matière de continuité foncière. Le GIP des Calanques envisage d'étendre à cette zone les actions entreprises pour le reste du massif. Le Conservatoire de L'Espace Littoral et des Rivages Lacustres précise qu'il est opposé à la division de la propriété dans la perspective d'un compromis avec Monsieur Godel. Le commissaire enquêteur souscrit sans réserve à ces appréciations.
Quelques autres voient surtout dans cette Déclaration d'Utilité Publique, le moyen d'exclure le bénéficiaire du bail emphytéotique dont ils n'ont pas apprécié le comportement, mais ce n'est pas le but de l'opération.

Vœux divers :

Une quarantaine d'intervenants figurant sur la liste D) ne se prononcent pas explicitement pour ou contre l'expropriation. Certains se bornent à stigmatiser le comportement du bénéficiaire du bail emphytéotique, d'autres profitent de l'opportunité qui leur est offerte d'exprimer des voeux divers qui n'ont qu'un rapport lointain, voire même aucun rapport avec l'enquête publique : demandes de modification du POS pour d'autres secteurs de la commune de Cassis, création d'un pare National ou Régional des Calanques, inscription au patrimoine de l'UNESCO. sort réservé au "Vieux Moulin", gestion par l'union Nautique des Calanques etc...
Le Commissaire Enquêteur n'a évidemment pas à se prononcer sur des voeux qui dépassent le cadre de l'enquête qui ne porte que sur l'utilité publique de l'acquisition par la commune de la propriété Solvay.

Coût de l'opération et travaux à entreprendre :

L'Association Port Miou-Bestouan-Cassis estime que les éléments financiers présentés au dossier sont insuffisants et d'autres intervenants émettent des voeux sur les travaux à entreprendre. Je dois rappeler que l'enquête ne porte pas sur une acquisition pour effectuer des travaux mais pour créer une réserve foncière dans le but de préserver définitivement le site, en garantir l'ouverture au public, le gérer et l'entretenir, ce qui n'implique pas a priori des travaux importants. Au contraire, compte tenu des buts affichés de l'opération, ne pourront être admis que des travaux légers. L'estimation du coût de l'opération peut dès lors n'être que sommaire. Elle a été faite par les domaines. Elle est à mon avis excessive parce qu'elle ne tient pas compte du coût de la réhabilitation du site qui était normalement à la charge de l'exploitant. Ce dernier a obtenu un quitus de la DRIRE quand il a cessé son exploitation mais cette réhabilitation a un coût qui devrait être déduit de la valeur vénale du terrain. Je reviendrai sur ce point dans mon avis personnel.
Le Commissaire Enquêteur.

 

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