"L'amour du village durera tant que vous n'aurez pas honte, de ce que vous avez fait, ou dit de lui ! " Qui a vist Cassis et noun cassis-forum.com, a ren vist.

- Mise à jour le : 20 juillet 2008 à 9H00

Les Figures... Les cassidens/denes... L'occupation et la Libération de Cassis !

Août 1944 - La Libération de Cassis : la route du Figuier Noir, à gauche le terrain de Gonzé
et au dessus l'actuel quartier Jean Jaurès. Au milieu de la foule on peut voir Guiguite MAERO.
(photo de Patrick FUBIANI envoyée par Cathou Sighièri)

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Août 1944 La libération de Cassis : Dernière rangée de bas en haut - Paulette HUGUES - Marie LIAUTAUD
ép. Charles JERMINI - Elise JERMINI ép. Charles COLOMBAI - Marius HUGUES - Charles COLOMBAI.
(photo de L. COLOMBAI-LEGIER envoyée par Cathou Sighièri)

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25 août 1944 : Libération de Cassis par les Tabors Marocains
au fond on aperçoit Xavier ALLEGRE ainsi que sa fille Renée sur ses épaules.
D'autres vont se reconnaître.
(Photo de Renée TRICON envoyée par Cathou Sighièri)

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Août 1944 - libération de Cassis
(Photo envoyée par Roger Frosini)

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Août 1944 - libération de Cassis :
Guiguite MAERO - Gilette BERTOLI - Richard CARCELLER.
(Photo envoyée par Cathou Sighièri)

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L'occupation et la Libération de Cassis !

Il est bien de retrouver dans notre mémoire - et pour les plus jeunes de l'apprendre - des faits et évènements qui se sont déroulés ici.
Comme toute communauté confrontée à des situations graves, notre village a pu voir se déployer chez ses habitants tout l'éventail des caractères humains: il y a eu les vrais salauds (rares, toutefois) qui sont rapidement retombés dans les choses à chasser de sa mémoire; il y eu aussi tous les cas de figures de la vie de tous les jours lorsque les moments sont très difficiles: la faim tenace et permanente, les privations, même du strict nécessaire, avec leur cortège de cris de colère, de manifestations d'envie et de jalousie... Mais cela n'a pas été l'essentiel et, bien sincèrement, ce n'est pas ce qui est fortement resté imprimé dans les souvenirs.
Ce que la mémoire a conservé, c'est tout le positif, toute la valeur humaine de mille et une choses, gestes, actes, interventions, grands ou plus minimes.
Pour rappel, au hasard des dates, des personnes et des lieux : les morts pour la France sur le front ou au maquis, les déportés dans les camps de la mort, les prisonniers de guerre et ,parmi eux, ceux qui s'évadaient; les" réfractaires" refusant de partir travailler pour Hitler et se cachant dans les parties reculées du massif des calanques; les " Mr Tout-le Monde" qui collectaient du ravitaillement, des vêtements , couvertures ,etc. .et se cachaient pour les leur faire parvenir; et aussi cette cassidenne d'origine allemande qui cachait chez elle des civils allemands antifascistes; les "bûcherons" (faux pour beaucoup d'entre eux) embauchés malgré tout par des patrons forestiers patriotes; Tel patron-pêcheur aujourd'hui disparu qui convoyait en barque jusqu'à En-Vau des personnalités en transit clandestin pour Alger; les gendarmes - la majeure partie des brigades - qui fermaient très souvent les yeux sur ce qu'ils auraient dû sanctionner parce que contraire aux ordres de l'occupant; les multiples petits sabotages, les "oublis" d'exécuter tel ou tel ordre.. Et sans oublier, bien entendu, les distributions clandestines de tracts dans les boîtes aux lettres, le collage d'affichettes interdites.. et la collecte d'argent pour financer la lutte clandestine citadine ou dans les maquis... Sans omettre les cartes d'alimentation et les papiers d'identité (plus ou moins vrais) pour les clandestins : juifs, résistants "au vert" ou autres; de nouveau, souvenir ému pour Marie-Ange Alibert-Rodriguez et son action).... Telle a été, rapidement brossée, la réalité du Cassis d'alors.
Il est indispensable, je crois, que les jeunes générations connaissent ces pans de l'histoire du village; et qu'ils s'efforcent de les relier à ce qui s'est passé ailleurs, alors, en France, en Europe et dans le monde.
Oui ! Connaître l'histoire des siens, de son village et de son pays est nécessaire car, comme le disait l'écrivain Primo LEVI : " celui qui ignore le passé est condamné à le revivre!"

Lou Targaïre

Marie-Ange ALIBERT-RODRIGUEZ
Secrétaire de Mairie à L'etat civil pendant la guerre, discrétement au quotidien a permis
de sauver de nombreux Juifs au triste sort qui leur était réservé.
1993 le gouvernement Israélien lui a décerné la Médaille des Justes.
8 mai 1999 la France lui a décerné La Médaille de Chevalier dans l'Ordre de la Légion d'Honneur.

(Photo envoyée par Cathou Sighièri)

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La Libération de Cassis...

Pour parler de la Libération ici, je crois qu'il s'agit d'abord d'essayer de présenter le contexte local d'alors; pour l'ambiance. Ci-après, quelques éléments pris parmi une multitude d'autres:
- En ces derniers moments de l'Occupation,les troupes allemandes cantonnées à Cassis sont composées soit d'individus âgés (50 ans et plus), soit de tout jeunes hommes, voire adolescents (16,17,18 ans..) et de Polonais ou autres nationalités, enrôlés de force dans la Wehrmarcht. Cela pour dire qu'ils étaient peu aguerris, mentalement plus conditionnés pour accepter la retraite vers leur pays et la fin de la guerre, que le combat sans merci jusqu'au dernier homme. Cela ne signifiant pas qu'il n'y avait aucun danger, bien entendu.
- Les nouvelles sont mauvaises pour l'armée d'Hitler: elle perd bataille sur bataille, région après région, surtout à l'Est (Union soviétique et pays d'Europe centrale); dans les pays occupés les mouvements de Résistance lui mènent la vie très dure; ses rangs s'amenuisent: ses morts, blessés et prisonniers se comptent par centaines de milliers; les villes allemandes sont pilonnées sans relâche chaque nuit par les aviations alliées. (un Cassiden, aujourdhui disparu, a participé à ces bombardements, en tant que pilote dont l'escadrille était cantonnée en Angleterre.) Le moral des occupants était au plus bas, celui des occupés à l'espérance. Chacun sentait bien que la fin était proche.
- Le 22juin 1944 (deux mois avant le débarquement allié) les Allemands bloquent l'entrée du port en coulant à la passe deux gros navires: le "Sampiero Corso" et le "Commandant Dal-Piaz". La Kommandatur (direction militaire allemande) est déplacée du quartier St-Marc vers un lieu plus propice à la fuite, désormais prévisible: elle se porte dans une propriété située au bord de la route de Marseille, à l'entrée du village. Depuis le mois de septembre précédent, l'accès au rivage de la mer est interdit, y compris aux professionnels de la pêche qui se voient aussi obligés d'inter changer leurs équipages chaque jour, ceci afin de prévenir toute aide possible aux activités de la Résistance et de renseignements en sa faveur.
- Le sol de Cassis (pinède et cultures) est truffé de mines antichars et antipersonnelles: pas de cueillettes possibles de baies et d'herbes sauvages pour essayer de se lever une faim tenace, tenaillante, permanente depuis si longtemps. Cassis meurt de faim.
- Les rues donnant accès au port sont bouchées par des chicanes en maçonnerie avec une toute petite porte pour le passage; les portes et fenêtres des maisons du port sont solidement obstruées; sur les routes et chemins arrivant au village: chicanes gardées par des soldats puissamment armés et passage autorisé seulement aux personnes munies d'un laisser-passer spécial (ausweis).
- Les jeunes hommes (à partir de 16 ans) sont réquisitionnés pour des corvées de travail obligatoire pour le compte des occupants; tous les adultes (à l'exception des grands vieillards) sont périodiquement requis pour "garder" les voies ferrées contre d'éventuels raids de la Résistance..
- Les jeunes adultes les plus menacés par le S.T.O (Service du Travail Obligatoire en Allemagne) sont partis depuis longtemps rejoindre les maquis (forêt varoise, Vercors,..) faisant ainsi oeuvre patriotique contre l'armée nazie. A Cassis, quelques-uns d'entre eux vont se perdre dans la nature du massif des calanques, ravitaillés par des cassidens solidaires et courageux....
VOILA DECRITES QUELQUES PHASES DU CONTEXTE; POUR LA LIBERATION DE CASSIS ELLE-MÊME, RIEN TROP A EN DIRE, SINON CE QUI SUIT:
- Le 15 août 1944 le débarquement allié commence dans l'est de la Provence. De Cassis, cette nuit-là, on pouvait voir les traits lumineux des obus que tiraient, de l'horizon marin, les navires alliés sur les positions allemandes de la côte varoise. Les cassidens quittaient leurs maisons pour se réfugier où ils pensaient être plus en sécurité (la grotte du Figuier Noir, par exemple).
- Les jours suivants, les villes et villages sont libérés par les troupes du général De Montsabert (armée De Lattre de Tassigny), cependant que les forces de la Résistance intérieure leur préparent le terrain et consolident la libération terminée. Aubagne est libérée le 21 Août, Marseille les jours suivants, l'une et l'autre après de durs combats au cours desquels les unités de Tabors marocains et groupes de la Résistance ont fait, certes merveille, mais aussi ont payé un lourd tribut. Signalons que des cassidens avaient guidé vers Marseille, les Tabors du capitaine Lambert, afin de prendre à revers et en tenaille les troupes allemandes se défendant avec l'énergie du désespoir.
- A Cassis, pas de combats, ni même de vélleité de défense de la part de l'occupant; celui-ci s'était déjà enfui après avoir fait beaucoup de dégâts: il avait préalablement miné les quais, la statue de Calendal, plusieurs splendides énormes rochers de la Grande Mer, plusieurs villas et locaux , qu'il a fait sauter en s'enfuyant. Les soldats allemands avaient aussi abattu, contrairement à ce que certains affirment, l'un des deux gros pins (le plus gros) du square Gilbert Savon (que l'on appelait alors le Jardin de la Ville). Malgré l'absence de combats (et c'est tant mieux), les armes clandestines avaient fait surface et les jeunes hommes s'étaient constitués en troupe civile armée volontaire: la milice patriotique. Mais ceux qui se sentaient "la morve au nez" -petits collabos, sympathisants pros nazis ou trafiquants de marché noir - se terraient, "faisaient le canard", comme on dit. Donc, les choses se sont passées ici de la façon la moins mauvaise possible...
- Le conseil municipal "des temps noirs" s'était dissous de lui-même. Mais il fallait parer au plus urgent: nourriture en premier lieu. Un conseil municipal provisoire fut désigné par la Préfecture le 31 Août; il était composé des personnes suivantes: l'ancien maire Augustin Isnard qui avait eu pendant l'occupation un comportement digne et méritoire; puis des résistants et républicains anti-collabos: René Staehler 1er adjoint, Pierre Chiaradia 2eme adjoint, Bernard Lecoq, Henri Dassac, Louis David, Claudius Dorat, Marcel Justrich, Alexis Rocchia, Laurent Leccese, Joseph Poutet, Adolphe Ceccarelli, Marius Lisa, Léopold Boeuf.
........Puis, petit à petit, la vie a repris son cours, la reconstruction des biens, des esprits et des personnalités s'est opérée. L'oubli volontaire ou non s'est installé.... L'argent est devenu le seul et unique souci d'une grande majorité qui a perdu de vue, dans les brumes du passé, les sacrifices petits ou grands de nos anciens...... Et Cassis, notre village, est devenu ce que vous en connaissez !!!
Comme quoi, il est bien je crois, de jeter un oeil en arrière.
Pour ne pas tout oublier, définitivement.
On pourra revenir, si l'on veut, sur cette période historique de triste mémoire. D'autre que moi pourraient le faire aussi, non ?
Roger FROSINI

Deux bateaux coulés à l'entrée du port le 22 juin 1944 :
"Le PRESIDENT DAL PIAZ" de la Cie Générale Transatlantique
et le "SAMPIERO CORSO" de la Cie Fraissinet.
(Photo envoyée par Cathou Sighièri)

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Le DAL-PIAZ et le "SAMPIERO CORSO.
(Photo envoyée par Georges Boyer)

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La Libération de Cassis (suite)

Lou targaïre a bien rappelé et situé les faits.
Pour moi la fin de l'occupation allemande ça a été: après la nuit du débarquement en Provence suivi dans le ciel de la baie de Cassis par le tracé lumineux des obus des bateaux, voir les occupants logés dans le coin où j'habitais fuir par le petit chemin de colline (devenu aujourd'hui l'avenue Colbert), et la joie le lendemain à l'apparition des premiers "Tabors" marocains qui se sont arrêtés sur la route de Marseille (aujourd'hui av.Jules Ferry), couverts de poussière et morts de soif, abondamment désaltérés d'eau fraîche apportée par des riverains... et les drapeaux tricolores qui se montraient subitement aux fenêtres des quelques maisons des alentours. Puis le reste du détachement s'est avancé, conduit par l'officier (Lambert d'après Lou targaïre) se renseignant comment arriver à Marseille derrière la vierge de la Garde en passant par le Roy d'Espagne, en évitant au mieux le camp de Carpiagne. C'est un Cassiden, ancien habitant de Mazargues et connaissant bien ce quartier qui les conduisit. Il faut dire qu'à la place des immeubles et lotissements qui bordent les voies de ce coin (av.DE Lattre et Brd.Michelet) existaient seulement quelques belles habitations bourgeoises et de grandes campagnes où les gosses de Mazargues allaient jouer.
Dans les mois qui suivirent les traces de l'occupation elles aussi disparurent: les chicanes qui coupaient tout accès à Cassis furent détruits ainsi que les petits blockaus qui les gardaient.
J'appris aussi par la suite que durant tout le temps de la guerre un couple de juifs allemands avait été caché et aidé dans notre village: il s'agissait des grands parents du nom de BERLINER; leurs enfants et petits-enfants avaient réussi à partir pour les Etats-Unis; mais eux ont jugé qu'ils étaient trop âgés pour une telle aventure et avaient arrêté leur périple à Cassis.
Cela c'est aussi un bout d'histoire de notre village ; je l'ai gardé en mémoire avec assez de force pour vous l'apporter sur le forum, grâce à mon ami Lou Targaïre et son ordinateur.
Au revoir! A une autre occasion, peut-être !
ZIZI

Documents anciens rares - 40/47 ...le Rationnement -
(Photo envoyée par Roger Frosini)