Le Gabian Déchaîné

Cassis par Calendal (F.MISTRAL)

Je suis de Cassis, ville de mer
Et chef de France. Dans l’ombre
Pour vous tous est caché le nom de ma patrie ;
Mais, serait-il à mille lieues,
Nul de ses fils ne la renie,
Car tel a vu Paris, compagnons,
Qui peut dire, s’il n’a pas vu Cassis :

Je n’ai rien vu.Cassis est pauvre : son terroir,
Trop montueux pour la charrue,
Seulement au hoyau se cultive en parcelles.
Peu de blé : néanmoins, assez pour vivre ;
Peu de vin : de reste pour boire…
Nous en embarquerons même quelques tonnes sur la mer.

Car notre vin,
et vous n’êtes pas sans avoir de cela connaissance,
Tellement est fameux que Marseille, lorsqu’elle veut
Faire un présent au Roi, demande
Aux Cassidens ce qu’elle lui envoie :
Notre muscat, diaphane boisson,
Et nos faucons qui dans (l’île de) Rieu nichent par bandes.

Oh ! si vous en goûtiez ! L’abeille
N’a pas de miel plus doux : il brille
Comme un diamant limpide, et sent le romarin,
La bruyère et le myrte
Qui recouvrent nos collines,
Et danse dans le verre… certes,
J’en viderais maintenant un flacon, si je l’avais.

Entre rochers roux et blancs
Qui forment une crique en demi-lune,
Le front en plein midi et les pieds dans la mer,
Ainsi qu’une brune baigneuse
Qui se récrée à pêcher des girelles,
Cassis, petite ville de pêcheurs,
Jette le sardinal, tire le carrelet.

A gauche de son étroite rade,
Se voit le cap canaille ; à droite,
S’entend gronder parfois, signal des nautoniers,
Un creux où la vague s’engouffre,
Chassant un vent qu’une autre issue dégorge :
« Martin souffle, disent les pêcheurs, gare au grain ! »

En face de la luisante mer,
Sans cesse présente à ses yeux,
De la mer, là-dedans, un petit peuple vit,
Toujours joyeux, quand elle est calme,
Toujours ému à ses menaces,
Et lorsque, blanchissante, elle se dresse,
Luttant gaillardement, à la garde de Dieu.

(F.MISTRAL)

Je suis Provençal comme vous ;
Mais des torrents et des collines,
Innombrables, nous séparent…. Chez moi,
Qui m’eut dit de vaguer où maintenant je vague ! ….
Dans les vallées et sur les crêtes,
Je bats maintenant le pays, pour conquérir
L’empire de l’amour : on m’appelle Calendal.

Je suis de Cassis, ville de mer
Et clef de France. Dans l’ombre
Pour vous tous est caché le nom de ma patrie;
Mais, serait-il à mille lieues,
Nul de ses fils ne la renie,
Car tel a vu Paris, compagnons,
Qui peut dire, s’il n’a pas vu Cassis :

Je n’ai rien vu.Car notre vin, et vous l’avez
Sans doute ouï dire,
Tellement est fameux que Marseille, lorsqu’elle veut
Faire un présent au Roi, demande
Aux Cassidens ce qu’elle lui envoie ;
Notre muscat, diaphane boisson,
Et nos faucons qui dans l’île de Rieu nichent par bandes.

Oh ! si vous en goûtiez ! L’abeille
N’a pas de miel plus doux : il brille
Comme un brillant liquide, et sent le romarin,
La bruyère et le myrte
Qui recouvrent nos collines,
Et danse le verre…. Certes,
J’en viderais maintenant un flacon, si je l’avais.

(F.MISTRAL)

Paul Truchon



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