Le Gabian Déchaîné

Cassis, Français à partir de 1789

– C’EST EN 1789 QUE CASSIS EST DEVENU FRANCAIS.

Un point d’histoire locale peut-être peu connu.
Amis cassidens, savez-vous depuis combien d’années notre village fait partie intégrante du territoire français ?
L’ouvrage « STATISTIQUE DE LA COMMUNE DE CASSIS » d’Alfred Saurel nous l’apprend: depuis 213 ans! Seulement ! Depuis l’historique nuit du 4 Aôut 1789 au cours de laquelle la Révolution Française abolit les scandaleux privilèges que l’Ancien Régime monarchique, dit « de droit divin », faisait perdurer pour ses « grands » depuis des centaines d’années.
Avant ce 4 Août, le village de Cassis n’était pas français (au sens où nous l’entendons aujourd’hui) car l’organisation territoriale de la France n’était pas la même que de nos jours. CASSIS, en compagnie d’autres villages ou territoires, était propriété de l’évêque de Marseille.
Lisons A.Saurel (chapitre 4 de son livre) :
 » EXTRAIT DES REGISTRES DU PARLEMENT »
Sur la requête présentée par les syndics, manans et habitants du lieu de Cassis, tendant afin de faire enregistrer es registres de la Cour, les lettres patentes obtenues de Sa Majesté contenant confirmation et ratification du contrat de déclaration faite au profit desdits syndics par lequel lesdits manans et habitants, leur terroir, droits et appartenance d’iceluy, demeureront à perpétuité à l’Évêque de Marseille sans en pouvoir être distraits, vendus et aliénés…. ETC, ETC…
« Publié à la barre du Parlement de Provence séant à Aix, le troisième juin mil cinq cent soixante et dix-neuf. Collation faite.  » FABRI »
.
Après cela Cassis connut diverses tribulations qui l’ont maintes fois menacé de changer de maître; c’est alors la période pré-révolutionnaire; au cours de ces années, le village se tient informé des évènements intervenant dans le royaume de France, cependant que les cassidens sont écrasés d’impôts et de taxes diverses dont ils ne pouvaient pas toujours honorer le paiement…
C’est alors que, le 25 janvier 1789, le Conseil de Cassis reçoit de l’assemblée de la Viguerie l’invitation d’adhérer aux délibérations de la ville d’Aix des 18 et 26 décembre précédent, savoir « ..de charger les députés de la ville d’Aix à Paris de solliciter auprès du Roi, au nom de la Viguerie, la convocation des trois ordres du pays à l’effet de procéder à une formation d’état véritablement représentative de la nation provençale… »
Peu de jours après, les affaires publiques prirent une toute autre tournure: les populations commencèrent à prêter l’oreille à des bruits qui leur parvenaient: il était question d’une autre organisation de l’Etat et de nouveaux rapports entre les gens.
La disette régnait et les cassidens pauvres en souffraient le plus; une émeute éclate le 31 mars 1789: le peuple demande la suppression du  » piquet » ou droit municipal sur le blé,ainsi que la réduction du prix du pain; les Consuls acceptent.Le 25 juillet suivant,on procède à l’organisation de la garde nationale…
…Le décret du 4 Août, qui porte abolition du régime féodal,fait sortir Cassis de la tutelle de l’Évêque.
Dernière délibération du Conseil qui vote la déclaration suivante:
« Les Maires et Consuls considérant que la qualité de français est devenue le premier et le plus utile des droits nationaux et la source la plus féconde de la liberté, de l’égalité,de la prospérité sociale; que renoncer à toute autre existence politique, c’est moins affaiblir qu’étendre ses privilèges, puisque c’est se donner une manière d’être plus avantageuse, plus sûre et centupler ses forces par une étroite confédération avec les autres parties de l’empire français, ont délibéré de ratifier dès à présent la renonciation faite dans la séance de la nuit du 4 AOÛT de l’Assemblée Nationale par MM. les députés de Provence aux droits et privilèges qui contrarieraient l’existence d’égalité et d’uniformité qui va être la base de la constitution française et de ne réserver aux Provençaux l’exercice du droit d’exister en corps de nation séparée,que dans le cas presque impossiblement à réaliser où la France asservie et démembrée ne laisserait plus au Comté de Provence d’autre ressource pour maintenir sa liberté.. »
C’est cet acte qui unit dès ce jour Cassis à la grande famille française. Il n’est plus dans son existence d’autre fait qui la distingue des autres communes; elle ne reconnaît d’autres lois que celles qui régissent la nation tout entière.
Dans quelques jours, le 4 Août prochain, il y aura 213 ans que ces évènements se sont déroulés; nous penserons en famille avec reconnaissance à nos anciens qui ont su réaliser cela.

Roger FROSINI



1 Commentaire

  1. Jacques dit :

    L’article de Mr Frosini n’est-il pas un peu excessif?
    On ne peut pas occulter d’un trait de plume l’histoire d’un village, d’une ville, d’une région, d’un pays comme la France antérieurement à la Révolution française. Bien sûr, après la prise de la Bastille, l’abolition des privilèges, que d’espoirs, mais aussi que de craintes et que de drames: Il y a eu la Terreur, et bon nombre de citoyens « ci-devants » aristos, mais aussi peut être encore plus (les aristos s’étant enfuis, la Révolution commença à dévorer ses propres enfants) des gens de simple naissance de Cassis même ou d’ailleurs, poursuivis,obligés de se cacher pendant de longs mois, emprisonnés, et pour finir, guillotinés.
    Et puis après la Révolution de 89 il y a eu Napoléon, un vrai révolutionnaire, lui, qui finira empereur, bien mieux que le feu roi détesté Louis XVI, et d’autres révolutions au 19e siècle et au 2Oe encore, preuve que celle de 89 n’avait rien réglé.

    L’histoire de France, nation millénaire, ne peut pas se réduire à une période aussi controversée.
    Qui sait aujourd’hui quand la Provence, Cassis incluse est devenue vraiment française?
    Eh bien cela s’est fait en plusieurs étapes, sans heurts, sans fureur ni effusion de sang, la première la plus étonnante, débuta avec le Comte Raymond Béranger IV qui mourut sans héritier mâle mais réussit quand même à faire de ses 4 filles quatre reines, dont une, reine de France (Marguerite mariée à Saint Louis, roi de France), une reine d’Angleterre, et la petite dernière Béatrix mariée au beau-frère du roi de France, le roi de Sicile, Charles d’Anjou. La Provence est alors devenue angevine.
    La réunion de la Provence à la France à la mort du dernier comte de la dynastie angevine, se fera à la fin du XVe s.
    Je recommande aux curieux d’aller visiter près de Forcalquier la ferme dite « des quatre reines », vrai berceau de la Provence française.

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