Le Gabian Déchaîné

L’occupation et la Libération de Cassis !

Histoires et faits historiques… cassidens… L’occupation et la Libération de Cassis !

Le port en juillet 1944.
(Photo de Jules GUERIN envoyée par Cathou Sighièri) 16-0040

Pendant la guerre de 1939-45 – Claude ISNARD et Alexis FROSINI.
(Photo de Andrée ISNARD envoyée par Cathou Sighièri)
16-0039

Claude ISNARD – Alexis FROSINI et Frédéric BANCHETTI en 1940.
(Photo de Andrée ISNARD envoyée par Cathou Sighièri)
16-0038

Michel BLANC (1921 – 1944) éponyme de la rue de Cassis,
(lieutenant FTPF rattaché FFI fusillé à 23 ans le 10 août 1944).
(Photo envoyée par Monique Blanc) 16-0002

* « Fils de Augustin Joseph Blanc et de Eugénie Joséphine Bouquier, son épouse, il est né dans la petite ville de Cassis le 31 mars 1921. Après l’école primaire et le Certificat d’études primaires, il entre en apprentissage et devient artisan plombier.
Requis pour le S.T.O. en 1943, il refuse de partir travailler en Allemagne pour la machine de guerre nazie. Il prend le maquis en Haute-Savoie. Il arrive dans la Vallée Verte où la résistance est déjà active avec Romain Baz notamment. Il réussit à mettre sur pied une compagnie F.T.P., la 93-23. Chargé de reconstituer la troisième compagnie F.T.P. dite compagnie d’Annemasse, il a en quinze jours regroupé plus de 11 détachements, quand il est arrêté.
En effet, le 3 août 1944, à 11 heures 30 du matin, un camion revenant du Plateau des Glières et chargé de munitions parachutées, est surpris par une patrouille cycliste commandée par le capitaine Guth, forte d’une quinzaine d’allemands du 2/19 polizei, à Esserts, près du cimetière de Monnetier-Mornex. Les allemands ouvrent le feu, André Allombert se souvient : « On était 17, 10 réussissent à fuir, mais on est 7 à être pris:
Olivier Flore, Humbert Blondet, Jean Mollière, blessés, Gérald Forestier, Mimile Doué, Michel Blanc et moi. Pris on doit s’allonger dans le champ voisin… L’officier demande un chargeur pour sa mitraillette, afin de nous exécuter. Un soldat lui en tend un… Il engage le chargeur et arme sa mitraillette.
C’est la fin. Non, à ce moment précis, l’adjudant Vichman qui servait d’interprète mit la main sur l’avantbras du capitaine et l’empêcha de tirer, prétextant qu’il fallait nous emmener au Pax… L’officier montra Michel, l’homme armé. Finalement Vichman l’emporta… » Tous sont enfermés au Pax. Si six détenus sont échangés à la veille de la Libération, il n’en est pas de même pour Michel.
Sur le registre d’écrou du Pax, il a le numéro 678. Il est violemment interrogé, torturé. « Il avoue, il est résistant, mais ceux qui sont avec lui sont venus sous la menace de son revolver. Il les a forcés à le suivre.
Ses bourreaux s’en donnent à coeur joie : ils le torturent avec des raffinements inouïs… Mais Michel ne parlera pas », écrivent les F.T.P.F. de Monnetier-Mornex en 1945.
Le lendemain 4 août, il est transféré à l’école-prison de Saint-François à Annecy. Il est à nouveau torturé, mais il ne parle toujours pas.
Le 10 août, il est fusillé au Pré Dalle à Vieugy. « Volontaire, têtu et courageux, Michel était beau et gai et il avait un idéal. Ce mot prend ici une signification réelle. Ce mot galvaudé redevient un mot superbe. C’est un idéal qui a soutenu Michel dans la lutte qu’il a menée dès son arrivée en Haute-Savoie… Michel demeure un des héros les plus purs de la Résistance… » écrivent encore les F.T.P.F. de Monnetier-Mornex.
Il repose maintenant au cimetière de Cassis, au bord de la Grande bleue. Il avait 23 ans. Il est déclaré «Mort pour la France» le jour du premier anniversaire de la victoire, le 8 mai 1946. »
*Document texte extrait d’une plaquette établie pour le soixantième anniversaire de la libération de la Haute Savoie le 18 août 1944 par les élèves de 3° du collège de Seynod avec l’aide de leur professeur d’histoire, Michel GERMAIN, également historien, citant chacun des fusillés de Vieugy, dont le texte sur Michel, rédigé par Justine BLANC qui avait choisi ce résistant car il portait le même nom qu’elle.

 » Pour les cassidens de passage à Annemasse en Haute-Savoie, un square à voir ou se recueillir : Le Square Michel Blanc (à l’angle de la rue du Vieux Château et de la rue de Romagny) « Michel BLANC
Héros de la Résistance. Lieutenant FTPF dans les maquis du Haute Savoie.
Mort à l’âge de 23 ans pour la Libération de la France.

(Photo envoyée par Roger Frosini)

16-0001

_______________________________________________________________

Marie-Ange ALIBERT-RODRIGUEZ
Secrétaire de Mairie à L’etat civil pendant la guerre, discrétement au quotidien
elle a permis de sauver de nombreux Juifs au triste sort qui leur était réservé.

(Photo envoyée par Cathou Sighièri) 16-0003

1993 le gouvernement Israélien lui a décerné la Médaille des Justes.
8 mai 1999 la France lui a décerné La Médaille de Chevalier dans l’Ordre de la Légion d’Honneur.
La rafle du vel d’hiv… et les juifs clandestins à Cassis, Marie-Ange ALIBERT…
On a rappellé à juste raison le 17 juillet 2004, la date anniversaire de cette horreur, de ce crime contre l’humanité que fut la rafle du Vel d’Hiv’, il y a soixante ans, jour pour jour. Cet acte atroce fut commis par l’etat français et sa police pour le compte des Allemands : environ 20.000 personnes (hommes, femmes,enfants) furent raflées,emmenées de force,les familles séparées; et tout le monde ou presque fut envoyé dans les camps de la mort en Allemagne. Il y eut très peu de survivants parmi ces malheureux juifs recherchés et pourchassés comme des bêtes.
Cet anniversaire se doit d’être célébré en mémoire de ces pauvres gens assassinés; il doit aussi nous faire réfléchir à quelles extrémités atroces peuvent pousser le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie.
Mais il permet de réfléchir aussi au passé cassiden de cette époque: Cassis avait aussi ses personnes ou familles venues s’y réfugier; parmi elles se trouvaient aussi des clandestins, résistants, juifs ou autres qui venaient ici chercher à s’y perdre anonymement pour éviter d’être ramassés par la police politique. Quelques noms reviennent en mémoire; que sont devenus ces gens: Constantin Couloglou et son éternel panier à provisions toujours vide ? Et le géant Tony (Rejnerm, je crois) qui mourrait littéralement de faim avec ses 2 mètres 05 ? Et sa splendide compagne Paula ? Et Mr Ebytch et sa famille ? Et bien d’autres encore qui n’ont pu survivre dans notre village d’alors que grâce à la solidarité de certains cassidens qui les nourrissaient (comme ils pouvaient) clandestinement, et surtout grâce au dévouement de Marie-Ange ALIBERT, une simple employée de mairie qui avait organisé et mis en oeuvre tout un système efficace pour fournir ces personnes en cartes d’alimentation et en papiers d’identité. Tout cela avec tant d’efficacité malgré le danger permanent.
Devenue madame Rodriguez, Marie-Ange a été décorée justement, mais trop longtemps aprés ces évènements.

Un pan de l’histoire de Cassis raconté par Roger FROSINI.

Deux extraits du livre d’André FONTAINE « le camp d’étrangers des Milles 1939-1943 » où il est question de Marie-Ange ALIBERT et de Georges BOYER.

Plus d’infos sur le camp des Milles : ICI

Peut-on parler du dévouement de Marie-Ange ALIBERT, cette employée de mairie qui avait organisé et mis en œuvre tout un système pour permettre à des juifs de fuir… sans citer également d’autre courageux cassidens, comme Georges BOYER (le grand père) qui les amenait sur sa barquette en cachette des allemands jusqu’à la calanque d’en-vau, où un bateau les attendait, pour une destination inconnue.

 


Pêcheur cassiden (photo des années 1945 de Georges BOYER (le grand pére) envoyée par Georges Boyer son petit fils)
18-0172

_______________________________________________________________

Marius Joseph ALIBERT : Pêcheur à Cassis – Grand Mutilé de la guerre de 1914. Médaillé de la légion d’Honneur, la médaille militaire et la croix de guerre. C’est le Père de Fifi ALIBERT épouse TEISSEIRE.
(photo envoyée par Cathou Sighièri)
16-0004

_______________________________________________________________

Voici une photo de l’oncle ANTONIOTTI ROMEO surnomé « Valentin » (Compagnon de la Libération) Chevalier de la légion d’honneur, Fait partie du débarquement en Provence le 16 août 1944.
(Photo envoyée par Henri ANTONIOTTI)
16-0005

Roméo Antoniotti est né le 6 janvier 1914 à Cassis, dans une famille de mineurs. Maçon et chauffeur de poids-lourds, il effectue son service militaire en 1935-1936 au 99e Régiment d’infanterie alpine (99e RIA).
Rappelé comme réserviste le 2 septembre 1939, le caporal Antoniotti est incorporé au 14e Régiment de Zouaves.
Envoyé sur le front dans la région de Forbach, il prend part à la campagne de Belgique (Namur, Liège).Replié en France avec son unité, il est blessé à la jambe par éclats d’obus à Valenciennes le 21 mai 1940 puis est évacué de Dunkerque vers l’Angleterre le 24 mai et hospitalisé à Birmingham.
Ayant entendu l’Appel du 18 juin, il s’engage dans les Forces françaises libres le 1er juillet 1940 à Delville Camp et est affecté à la compagnie mixte du capitaine Durif.
Il participe à l’expédition de Dakar puis aux opérations de ralliement du Gabon à la France libre en novembre 1940.
En décembre 1940, le caporal-chef Antoniotti est affecté au Bataillon de marche n° 3 (BM 3) récemment créé et placé sous les ordres du commandant Garbay. Avec le BM 3, il prend une part active à la campagne d’Erythrée au cours de laquelle il est de nouveau blessé, par balle et par éclats d’obus, le 21 février 1941, lors de l’attaque de Kub-Kub.
Evacué sur le Soudan, il est promu sergent en juillet 1941 et affecté en mai 1942 au Bataillon de marche n°11 avec lequel il combat en Egypte, en Libye et en Tunisie.
Sergent-chef en janvier 1944, il participe à la campagne d’Italie et de France où il débarque, en Provence le 16 août 1944. Cité dans les Vosges pour n’avoir pas hésité à s’exposer pour ramener le corps de son chef de section tué au combat, il termine la guerre dans le sud des Alpes, au massif de l’Authion.
Démobilisé avec le grade de sergent-chef, il est chauffeur de poids-lourds aux chantiers navals de La Ciotat avant sa mise à la retraite pour maladie et invalidité.
Roméo Antoniotti est décédé le 23 avril 1990 à Marseille. Il est inhumé à Roquefort-la-Bédoule dans les Bouches-du-Rhône
.• Chevalier de la Légion d’Honneur
• Compagnon de la Libération – décret du 23 juin 1941
• Médaille Militaire
• Croix de Guerre 39/45 (2 citations)
• Médaille Coloniale avec agrafes « Erythrée », « Libye », « Tunisie »

_______________________________________________________________

1928 : Marius Frosini (20 ans) ; l’un des frères cadets de Xavier. Marin de La Royale avec la spécialité de gabier, il était réputé pour son habileté dans la confection des noeuds marins et des épissures.
Fut déporté avec Titin Barthèlemy dans le camp nazi de Büchenwald-Dora.
(Photo envoyée par Roger Frosini) 16-0006

Marius Frosini, déporté, décoré dans la cour de la Mairie
(Photo envoyée par Roger Frosini) 16-0007

_______________________________________________________________

Défilé de la victoire de la seconde guerre mondiale en mai 1945 avec en blanc de travail, au premier plan, Marius BONNET. Au fond, les deux bateaux coulés à l’entrée du port le 22 juin 1944 :
« Le PRESIDENT DAL PIAZ » et le « SAMPIERO CORSO ».

(photo de Marius BONNET envoyée par Delphine BONNET sa petite fille)
16-0008

La photo représente l’armistice du 08/05/1945 prise sur le port.
(photo de Marius BONNET envoyée par Delphine BONNET sa petite fille)
16-0009

La photo représente l’armistice du 08/05/1945 prise sur le port.
(photo de Marius BONNET envoyée par Delphine BONNET sa petite fille)
16-0010

________________________________________________________________________________

Exposé proposé par Clément JAYNE sur l’histoire du « Sampiero Corso » et du « Commandant Dal-Piaz ».

Les Livres, les anecdotes des anciens, et maintenant Internet permettent cette continuité et cette transmission d’événements majeurs de notre histoire.
Hier c’était l’anniversaire de la libération de Cassis, et je vais « essayer » d’enrichir ce dossier d’informations concernant cette époque dont on a déjà de nombreux éléments et témoignages ci-dessous.
Ma recherche s’est ciblée sur le 22 Juin 1944.

En effet, dans son récit, Lou Targaïre (Roger Frosini) mentionne : que le 22 juin 1944 (deux mois avant le débarquement allié) les Allemands bloquent l’entrée du port en coulant à la passe deux gros navires : le « Sampiero Corso » et le « Commandant Dal-Piaz ».

– Mais que s’est t-il exactement passé le 22 Juin 1944 dans la baie de Cassis ?…

16-0011Le Président Dal-Piaz (en premier plan) et le Sampiero-Corso à l’entrée du Port de Cassis en 1944.

Début 1944, la « Kriegsmarine » commence à manquer de bateaux pour assurer la surveillance des côtes.
Tout ce qui flotte est bon à être confisqué, réquisitionné !

De nombreux bateaux, sont transformés, mutilés, enlaidi ; c’est notamment le cas du Guarani, belle unité de la flotte française.

N’étant plus que le matricule FMa 06, la pauvre goélette remplit son rôle d’unité de défense avec les U-jäger de la 6 ème Sicherungflottile qui traquent les sous-marins alliés.

En Mai 1944, une subdivision de la marine allemande est crée à Cassis et intègre le Guarani.


16-0013 – Le H.M.S Universal à quai
Intéressons nous maintenant à un sous marin Britannique !!

Le H.M.S Universal est un sous marin U class- groupe 2. Son équipage de 30 hommes était commandé par le lieutenant Gordon.
Les opérations se succèdent pour le sous-marin. Dès le 13 Juin 1944, il quitte la base de Maddaléna en Sardaigne pour une mission entre Toulon et Marseille.

Nous sommes en pleine préparation du débarquement en Provence qui aura lieu le 15 Août 1944.
Le 21 Juin à la nuit tombante, le sous-marin, en immersion périscopique repère une proie dans les parages de Cassis. Deux unités, le Guarani ainsi que le FMa 12 (ex-chalutier Arcula), sont à l’écoute, à l’aide d’hydrophones, des ondes acoustiques produites par les submersibles ennemis.

Depuis le débarquement réussi en Normandie, les allemands s’attendent à l’ouverture d’un second front sur le sol français ; ils ne savent ni ou ni quand, mais ils s’y préparent.
Le haut commandement décide, entre les ports bien fortifiès de Marseille et de La Ciotat, de neutraliser celui de Cassis et ainsi d’empêcher les alliés d’y établir une tête de pont. Des bateaux seront positionnés à l’entrée du port de manière à être facilement et rapidement déplacés puis sabordés en travers de la passe.

Dans la soirée, à 21h45, les paquebots Président Dal-Piaz et le Sampiero Corso quittent Port-de-Bouc en direction de Cassis remorqués par le Marsigli et le Laborieux :

Le SAMPIERO CORSO ->

Paquebot de la compagnie de navigation Fraissinet, long de 109,90m, large de 16m pour un creux de 8,50m. Construit en 1936 aux Chantiers et Ateliers de Provence, il reliait la Corse à Marseille.

16-0014

<- Le PRESIDENT DAL-PIAZ

Troisième et dernier dune série de trois navires similaires construits par les chantiers anglais Swan Hunter à Newcastle, après Carthage (1910) et Lamoricière (1920). Il porte le nom du dernier président de la compagnie, qui vient de disparaître.
Mis en service en Mai 1929 sur les lignes d’Afrique du Nord, au départ de Marseille.
Il est saisi en Février 1943 par les Allemands puis remis aux Italiens et rebaptisé Amalfi.
Il est de nouveau saisi par les Allemands en Septembre 1943 puis rendu à la France en Février 1944.
Il est rebaptisé Président Dal-Piaz et désarmé à Marseille.

16-0015

Les deux paquebots sont escortés par plusieurs unités allemandes. Le Guarani, dans ce contexte, doit contribuer à sécuriser la zone avec ses « grandes oreilles », surnom donné aux marins qui épient tous les bruits de la mer.

Le sous-marin H.M.S Universal traque le Guarani et s’en approche à moins de 450 mètres sans se faire repérer. Un seul tir suffit, la torpille explose à l’arrière de l’ancien voilier, qui va sombrer, il est 22h44…

Le Guarani repose à 87m sur un fond de sable, entre la pointe de Sormiou et l’île de Riou (N 43° 11,149 E 005° 25,061).

Le H.M.S Universal esquive la chasse menée par les U-Jagër appelés en renfort.
A 3h du matin, le convoi allemand arrive à Cassis et les paquebots sont mis au mouillage, puis l’escorte et les remorqueurs repartent.

Dans la journée du 22 juin, le sous-marin observe. Une seule idée, attaquer l’ennemi.
Le Lieutenant Gordon sait que la baie est protégée par des mines et des filets anti sous marins mais il estime qu’en naviguant au plus près de la côte, par petit fond, il pourrait y avoir un espace libre pour se faufiler sans se faire repérer.
Il aperçoit alors les deux paquebots.

Lorsque le submersible lance ses quatre torpilles à 16h11, il est à 3 500m des navires. Deux projectiles atteignent le Sampiero-Corso, un incendie se déclare aussitôt tandis qu’il coule doucement pour rester à moitié submergé. Les deux autres atteignent le Président Dal-Piaz. Le paquebot s’enfonce de l’arrière, fortement penché sur bâbord, la proue hors de l’eau contre la roche.


16-0016 – Les Deux paquebots une fois coulés de l’extérieur du port.

Le H.M.S Universal rebrousse alors chemin, son stratagème a marché car les U-Jagër sont très occupés à le rechercher plus au large. Le commandant a même pris le temps, occasion rare, de laisser l’équipage observer au périscope le résultat de leur attaque. Le sous-marin rentrera à sa base de Maddaléna, qu’il atteindra sans encombre le 26 Juin 1944.

Il semble qu l’état-major allié ait eu vent des préparatifs allemands pour embouteiller les ports. Deux bateaux sont coulés en mer alors qu’ils étaient remorqués sous escorte vers Nice et Monaco le 27 juin. Les sous-marins alliés auraient été ainsi spécialement envoyés pour contrecarrer ce plan.

Après la guerre, le Sampiero-Corso sera renfloué et reprendra du service jusqu’en 1968 ou il sera démoli à Hong Kong, tandis que le Président Dal-Piaz sera ferraillé. Quelques vestiges sont encore visibles dans la passe de l’avant-port.

Exposé de Clément JAYNE le 23 Août 2008.

– Source :

www.frenchlines.com
www.grieme.org
http://home.cogeco.ca/~gchalcraft/sm/page28.html

_______________________________

Réponse de Roger Frosini à l’exposé de Clément JAYNE :

C’est très clair et absolument intéressant. Bravo à Clément d’avoir entrepris et réussi ces recherches. Du vieux village, ainsi que des quais du port et du môle, à cette période, on ne pouvait rien voir vers la mer car les rues étaient murées par des massifs de maçonnerie très épais et solidement ancrés dans les façades des maisons proches, les portes et fenêtres donnant sur le port occultées par des planches clouées, avec in terdiction d’ouvrir sous peine de coups de fusil de guerre Mauser ou de mitraillettes. De plus, interdiction totale à la population d’aller sur le port, sauf les pêcheurs -peu nombreux- qui disposaient d’un laisser passer, « ausweiss » à présenter à la sentinelle gardant la seule issue : la chicane pratiquée dans le mur de 2 m. d’épaisseur situé entre le café Liautaud et la Civette du port. Pas de radio (sauf clandestine), la télé n’existait pas, les journaux aux ordres de l’occupant. Donc : pas d’informations, sauf par espionnage, indiscrétions et bouche à oreille.
Jusqu’à aujourd’hui, j’ai toujours cru que seul le Dal-Piaz avait été touché par les torpilles, le Sampiero-Corso, nous avait-on assuré, ayant été sabordé volontairement pas les l’équipage italien. Mais Clément nous apporte les lumières nécessaires au bon entendement des choses. Merci encore à lui… et à toute l’équipe, bien sûr, pour tout le travail bénévole que vous assurez.
Mes amitiés.
Roger

_______________________________

2eme Exposé proposé par Clément JAYNE sur l’histoire du Protée… « Alors que nous rendons hommage à l’équipage du sous-marin français, le 27 Juin 2009, voici diverses informations que j’ai tenté de réunir afin de mieux comprendre l’histoire du Protée. »

Histoire du SOUS-MARIN le PROTEE

_______________________________

Quelle est la bonne date de la libération de Cassis ?
Pour calmer la polémique Roger Frosini nous retrace les évènements tels qu’ils se sont déroulés :

CE QUI SUIT EST RÉDIGÉ PAR LE RÉSISTANT Louis Giniès POUR PRÉSENTER LES NOTES DU COLONEL CHAPPUIS (de l’armée de Lattre de Tassigny) : (extraits)

…Le 20, une de nos unités atteint Cuges-les-Pins, coupant la plus importante voie de communication entre Toulon et Marseille. Le général de LATTRE de TASSIGNY ordonne l’attaque générale du grand port de guerre. Le général de MONTSABERT et le colonel CHAPPUIS viennent d’arriver au camp ; le dispositif de combat est en place, la bataille de Toulon favorablement engagée et il n’est plus nécessaire d’attendre des renforts. Pour la première fois, on commence à parler d’Aubagne et de Marseille.
Tandis que les Tabors du général GUILLAUME se portent sur la Sainte Baume, l’offensive s’engage en direction de la métropole phocéenne. Le 3° bataillon du 7° R.I.A., après un bref combat à Cuges, occupe le col de Lange (l’Ange…rectifié par moi R.F.) mais il se heurte dans la descente à une forte casemate et à un barrage antichar. Les blindés du général SUDRE font sauter ces obstacles dans l’après-midi et le soir nos troupes atteignent Gémenos et le Pont de l’Etoile, aux abords immédiats d’Aubagne. Sur le littoral, le groupe BONJOUR a pris Bandol et mis en place la mâchoire gauche de la tenaille qui va enserrer Marseille.
Au soir de cette même journée du 20 août, le général de LATTRE laisse pleine liberté de mouvement à MONTSABERT, tandis que se poursuit parallèlement l’offensive sur Toulon.

Le 21, alors que le colonel CHAPPUIS vient aux informations, une délégation de F.F.I. (Forces Françaises de l’Intérieur) sort de la ville et annonce que l’insurrection a été prématurément déclenchée dès le 19 : la situation peut devenir très dangereuse si les renforts n’arrivent pas rapidement.
Il faut à tout prix dégager Aubagne et ouvrir ainsi une porte en direction de la ville. L’ennemi a concentré à cet endroit la valeur de deux régiments et il y dispose de dix neuf canons. Aux blindés du général SUDRE, MONTSABERT fournit un appui normal d’infanterie. Les goumiers entament une lutte épique dans les jardins d’Aubagne. Une batterie, destinée à un débordement par le nord, vient d’arriver au col de l’Ange. On l’appelle en renfort. A 13 H, l’attaque générale est déclenchée ; les Marocains, à la baïonnette, au couteau, à la grenade, se battent comme des diables. »…. (Fin de citation, celle-ci étant utile, m’a-t’il semblé, pour comprendre le déroulement de l’arrivée à Cassis des libérateurs…)

_______________________________

Complément écrit par Roger Frosini :

…… C’est de là que (semble t’il, à moins que ce ne soit à partir du groupe BONJOUR, de Bandol) une unité de Tabors marocains est envoyée vers Marseille par le littoral (donc par Cassis) pour prendre à revers les forces allemandes fortement installées sur la colline de ND de la Garde.
Il est très vraisemblable que ce soit une partie de cette unité (commandement capitaine Lambert, nous a-t‘on indiqué alors…) composée d’une quinzaine d’hommes au total (3 véhicules : 2 command-cars + 1 Jeep) qui soit arrivée la première à Cassis, vers 14h30 ou 15h dans l’après-midi du 21 août. Les occupants s’étaient enfuis depuis très peu de temps. C’est Victor Frégier, propriétaire de l’hôtel des Roches Blanches, qui a précédé la petite unité, au volant de sa Renault Juvaquatre, en criant par la vitre ouverte: « C’est les américains ! », trompé par ces véhicules, uniformes et équipements inconnus, créant ainsi la confusion, involontairement, sur la nationalité des libérateurs : Tabors marocains et pas du tout américains. {…Souvenir : Aldo Pédrini – maintenant disparu, mais bien connu des plus anciens cassidens- se trouvait sur la route de Marseille dans le virage dit « de la villa de Garcin le peintre » ; il a embarqué dans le premier command-car, se faisant une grosse bosse au front en heurtant l’arceau métallique qui supportait la bâche ; il a conduit le mini-convoi jusque derrière la ferme de ses parents (aujourd’hui : 16, avenue Jules Ferry…) où, stoppant là pour un court moment, les Tabors se sont désaltérés avec l’eau de la citerne de la ferme, aromatisée par du sirop de menthe à la saccharine fourni par Mme Verneret (devenue plus tard belle-mère de Pascal Cascioni). Fin de cette digression….} Ces soldats ne sont pas restés dans le village : après que leur encadrement ait pu se renseigner sur la possibilité d’avoir des guides locaux pour arriver à Marseille par La Gineste et Mazargues pour reconnaître le terrain et prendre les Allemands à revers, ils sont repartis « au travail », accompagnés ( cela à ma connaissance, mais il y en a eu peut-être d’autres…) par Xavier Frosini, mon père ( jusqu’au col de la Gineste, retour ensuite à pied, seul), par Joseph Gaillart (des espadrilles du même nom… qui allait devenir mon beau-père…) lequel, natif de Mazargues, connaissait parfaitement les lieux ; il n’est rentré que le surlendemain, continuant son bénévolat dangereux de guide. Alexis Rocchia a lui aussi servi de guide, mais par quel itinéraire ? Port-Miou, le « toboggan », La Gardiole, La Fontasse, le Logisson… ? Pas de précision à vous donner.
Rectificatif : il est affirmé quelquefois que ces guides civils cassidens, patriotes bénévoles, « ont fait le coup de feu avec les soldats ». C’est même écrit dans le livre « Cassis, hier et aujourd’hui ». Je suis formel : cela n’est pas conforme à la réalité, en tous cas pour les personnes que je cite ; leur rôle s’est cantonné à la conduite, sans arme, des militaires par des chemins connus d’eux depuis toujours, avec moins de risques d’erreurs et de pièges pour les libérateurs.
La « vraie » Libération du village : c’est bien le 22 par d’autres unités de troupes arrivant par la route de La Ciotat ; ce qui a affolé tout le monde, le bruit ayant couru comme une traînée de poudre que les Allemands revenaient. Mais non : il s’agissait bien des libérateurs de la division du général de Montsabert (armée de Lattre de Tassigny…) dont l’avenue qui aboutit à l’Obélisque de Mazargues, à Marseille, porte le nom.
D’autres précisions peuvent être apportées, mais non utiles dans la problématique qui nous préoccupe ici: la date de la Libération de Cassis…et comment les Tabors sont arrivés chez nous.
NB : si j’ai pu commettre une erreur ou omission, elle ne peut être que très minime, infime même, n’entachant en rien la réalité de la relation, très résumée ici, des évènements en question.
R.F. Cassis, le 23 août 2008.

_______________________________

Août 1944 : Destructions par les Allemands. (photo prise par Roger Frosini de chez Gaillart)
vers les 14 ou 15 H les occupants allemands font sauter les rochers de sous le château, les quais du port,
la statue de Calendal, plusieurs villas, coupent le gros pin du square Gilbert Savon (jardin de la ville).
(Photo envoyée par Roger Frosini) 16-0017

Août 1944 : Défilé sur le port à la libération au 5ème rang à gauche on peut voir R. LION,
d’autres pourront se reconnaître ou retrouver des Parents ou Amis.
(photo de Roger Lion envoyée par Cathou Sighièri)16-0018

1944 : Défilé de la Libération : au 4ème rang Simone RICARD épouse PORRACHIA
avec Chantal RICHAUD épouse LAFONT dans ses bras.

(Photo de Chantal RICHAUD-LAFONT envoyée par Cathou Sighièri) 16-0019

Août 1944 : Défilé en campagne à la libération.
(photo de Roger Lion envoyée par Cathou Sighièri) 16-0020

Août 1944 – La Libération de Cassis : la route du Figuier Noir, à gauche le terrain de Gonzé
et au dessus l’actuel quartier Jean Jaurès. Au milieu de la foule on peut voir Guiguite MAERO.
(photo de Patrick FUBIANI envoyée par Cathou Sighièri) 16-0021

Août 1944 La libération de Cassis : Dernière rangée de bas en haut – Paulette HUGUES – Marie LIAUTAUD
ép. Charles JERMINI – Elise JERMINI ép. Charles COLOMBAI – Marius HUGUES – Charles COLOMBAI.
(photo de L. COLOMBAI-LEGIER envoyée par Cathou Sighièri) 16-0022

25 août 1944 : Libération de Cassis par les Tabors Marocains
au fond on aperçoit Xavier ALLEGRE ainsi que sa fille Renée sur ses épaules.
D’autres vont se reconnaître.
(Photo de Renée TRICON envoyée par Cathou Sighièri) 16-0023

Août 1944 – libération de Cassis
(Photo envoyée par Roger Frosini) 16-0024

Août 1944 – libération de Cassis :
Aimé MONACHINI, Guiguite MAERO – Gilette BERTOLI – Richard CARCELLER.
(Photo envoyée par Cathou Sighièri) 16-0025

 

L’occupation et la Libération de Cassis !Il est bien de retrouver dans notre mémoire – et pour les plus jeunes de l’apprendre – des faits et évènements qui se sont déroulés ici.
Comme toute communauté confrontée à des situations graves, notre village a pu voir se déployer chez ses habitants tout l’éventail des caractères humains: il y a eu les vrais salauds (rares, toutefois) qui sont rapidement retombés dans les choses à chasser de sa mémoire; il y eu aussi tous les cas de figures de la vie de tous les jours lorsque les moments sont très difficiles: la faim tenace et permanente, les privations, même du strict nécessaire, avec leur cortège de cris de colère, de manifestations d’envie et de jalousie… Mais cela n’a pas été l’essentiel et, bien sincèrement, ce n’est pas ce qui est fortement resté imprimé dans les souvenirs.
Ce que la mémoire a conservé, c’est tout le positif, toute la valeur humaine de mille et une choses, gestes, actes, interventions, grands ou plus minimes.
Pour rappel, au hasard des dates, des personnes et des lieux : les morts pour la France sur le front ou au maquis, les déportés dans les camps de la mort, les prisonniers de guerre et ,parmi eux, ceux qui s’évadaient; les » réfractaires » refusant de partir travailler pour Hitler et se cachant dans les parties reculées du massif des calanques; les  » Mr Tout-le Monde » qui collectaient du ravitaillement, des vêtements , couvertures ,etc. .et se cachaient pour les leur faire parvenir; et aussi cette cassidenne d’origine allemande qui cachait chez elle des civils allemands antifascistes; les « bûcherons » (faux pour beaucoup d’entre eux) embauchés malgré tout par des patrons forestiers patriotes; Tel patron-pêcheur aujourd’hui disparu qui convoyait en barque jusqu’à En-Vau des personnalités en transit clandestin pour Alger; les gendarmes – la majeure partie des brigades – qui fermaient très souvent les yeux sur ce qu’ils auraient dû sanctionner parce que contraire aux ordres de l’occupant; les multiples petits sabotages, les « oublis » d’exécuter tel ou tel ordre.. Et sans oublier, bien entendu, les distributions clandestines de tracts dans les boîtes aux lettres, le collage d’affichettes interdites.. et la collecte d’argent pour financer la lutte clandestine citadine ou dans les maquis… Sans omettre les cartes d’alimentation et les papiers d’identité (plus ou moins vrais) pour les clandestins : juifs, résistants « au vert » ou autres; de nouveau, souvenir ému pour Marie-Ange Alibert-Rodriguez et son action)…. Telle a été, rapidement brossée, la réalité du Cassis d’alors.
Il est indispensable, je crois, que les jeunes générations connaissent ces pans de l’histoire du village; et qu’ils s’efforcent de les relier à ce qui s’est passé ailleurs, alors, en France, en Europe et dans le monde.
Oui ! Connaître l’histoire des siens, de son village et de son pays est nécessaire car, comme le disait l’écrivain Primo LEVI :  » celui qui ignore le passé est condamné à le revivre! »
Roger FROSINI
La Libération de Cassis…
Pour parler de la Libération ici, je crois qu’il s’agit d’abord d’essayer de présenter le contexte local d’alors; pour l’ambiance. Ci-après, quelques éléments pris parmi une multitude d’autres:
– En ces derniers moments de l’Occupation,les troupes allemandes cantonnées à Cassis sont composées soit d’individus âgés (50 ans et plus), soit de tout jeunes hommes, voire adolescents (16,17,18 ans..) et de Polonais ou autres nationalités, enrôlés de force dans la Wehrmarcht. Cela pour dire qu’ils étaient peu aguerris, mentalement plus conditionnés pour accepter la retraite vers leur pays et la fin de la guerre, que le combat sans merci jusqu’au dernier homme. Cela ne signifiant pas qu’il n’y avait aucun danger, bien entendu.
– Les nouvelles sont mauvaises pour l’armée d’Hitler: elle perd bataille sur bataille, région après région, surtout à l’Est (Union soviétique et pays d’Europe centrale); dans les pays occupés les mouvements de Résistance lui mènent la vie très dure; ses rangs s’amenuisent: ses morts, blessés et prisonniers se comptent par centaines de milliers; les villes allemandes sont pilonnées sans relâche chaque nuit par les aviations alliées. (un Cassiden, aujourdhui disparu, a participé à ces bombardements, en tant que pilote dont l’escadrille était cantonnée en Angleterre.) Le moral des occupants était au plus bas, celui des occupés à l’espérance. Chacun sentait bien que la fin était proche.
– Le 22juin 1944 (deux mois avant le débarquement allié) les Allemands bloquent l’entrée du port en coulant* à la passe deux gros navires: le « Sampiero Corso » et le « Commandant Dal-Piaz ». La Kommandatur (direction militaire allemande) est déplacée du quartier St-Marc vers un lieu plus propice à la fuite, désormais prévisible: elle se porte dans une propriété située au bord de la route de Marseille, à l’entrée du village. Depuis le mois de septembre précédent, l’accès au rivage de la mer est interdit, y compris aux professionnels de la pêche qui se voient aussi obligés d’inter changer leurs équipages chaque jour, ceci afin de prévenir toute aide possible aux activités de la Résistance et de renseignements en sa faveur.
*Rectification : Jusqu’à aujourd’hui, j’ai toujours cru que seul le Dal-Piaz avait été touché par les torpilles, le Sampiero-Corso, nous avait-on assuré, ayant été sabordé volontairement pas les l’équipage italien. Mais Clément nous apporte les lumières nécessaires au bon entendement des choses (voir plus haut). Merci encore à lui… et à toute l’équipe, bien sûr, pour tout le travail bénévole que vous assurez. Roger F.
– Le sol de Cassis (pinède et cultures) est truffé de mines antichars et antipersonnelles: pas de cueillettes possibles de baies et d’herbes sauvages pour essayer de se lever une faim tenace, tenaillante, permanente depuis si longtemps. Cassis meurt de faim.
– Les rues donnant accès au port sont bouchées par des chicanes en maçonnerie avec une toute petite porte pour le passage; les portes et fenêtres des maisons du port sont solidement obstruées; sur les routes et chemins arrivant au village: chicanes gardées par des soldats puissamment armés et passage autorisé seulement aux personnes munies d’un laisser-passer spécial (ausweis).
– Les jeunes hommes (à partir de 16 ans) sont réquisitionnés pour des corvées de travail obligatoire pour le compte des occupants; tous les adultes (à l’exception des grands vieillards) sont périodiquement requis pour « garder » les voies ferrées contre d’éventuels raids de la Résistance..
– Les jeunes adultes les plus menacés par le S.T.O (Service du Travail Obligatoire en Allemagne) sont partis depuis longtemps rejoindre les maquis (forêt varoise, Vercors,..) faisant ainsi oeuvre patriotique contre l’armée nazie. A Cassis, quelques-uns d’entre eux vont se perdre dans la nature du massif des calanques, ravitaillés par des cassidens solidaires et courageux….
VOILA DECRITES QUELQUES PHASES DU CONTEXTE; POUR LA LIBERATION DE CASSIS ELLE-MÊME, RIEN TROP A EN DIRE, SINON CE QUI SUIT:
– Le 15 août 1944 le débarquement allié commence dans l’est de la Provence. De Cassis, cette nuit-là, on pouvait voir les traits lumineux des obus que tiraient, de l’horizon marin, les navires alliés sur les positions allemandes de la côte varoise. Les cassidens quittaient leurs maisons pour se réfugier où ils pensaient être plus en sécurité (la grotte du Figuier Noir, par exemple).
– Les jours suivants, les villes et villages sont libérés par les troupes du général De Montsabert (armée De Lattre de Tassigny), cependant que les forces de la Résistance intérieure leur préparent le terrain et consolident la libération terminée. Aubagne est libérée le 21 Août, Marseille les jours suivants, l’une et l’autre après de durs combats au cours desquels les unités de Tabors marocains et groupes de la Résistance ont fait, certes merveille, mais aussi ont payé un lourd tribut. Signalons que des cassidens avaient guidé vers Marseille, les Tabors du capitaine Lambert, afin de prendre à revers et en tenaille les troupes allemandes se défendant avec l’énergie du désespoir.
– A Cassis, pas de combats, ni même de vélleité de défense de la part de l’occupant; celui-ci s’était déjà enfui après avoir fait beaucoup de dégâts: il avait préalablement miné les quais, la statue de Calendal, plusieurs splendides énormes rochers de la Grande Mer, plusieurs villas et locaux , qu’il a fait sauter en s’enfuyant. Les soldats allemands avaient aussi abattu, contrairement à ce que certains affirment, l’un des deux gros pins (le plus gros) du square Gilbert Savon (que l’on appelait alors le Jardin de la Ville). Malgré l’absence de combats (et c’est tant mieux), les armes clandestines avaient fait surface et les jeunes hommes s’étaient constitués en troupe civile armée volontaire: la milice patriotique. Mais ceux qui se sentaient « la morve au nez » -petits collabos, sympathisants pros nazis ou trafiquants de marché noir – se terraient, « faisaient le canard », comme on dit. Donc, les choses se sont passées ici de la façon la moins mauvaise possible…
– Le conseil municipal « des temps noirs » s’était dissous de lui-même. Mais il fallait parer au plus urgent: nourriture en premier lieu. Un conseil municipal provisoire fut désigné par la Préfecture le 31 Août; il était composé des personnes suivantes: l’ancien maire Augustin Isnard qui avait eu pendant l’occupation un comportement digne et méritoire; puis des résistants et républicains anti-collabos: René Staehler 1er adjoint, Pierre Chiaradia 2eme adjoint, Bernard Lecoq, Henri Dassac, Louis David, Claudius Dorat, Marcel Justrich, Alexis Rocchia, Laurent Leccese, Joseph Poutet, Adolphe Ceccarelli, Marius Lisa, Léopold Boeuf.
……..Puis, petit à petit, la vie a repris son cours, la reconstruction des biens, des esprits et des personnalités s’est opérée. L’oubli volontaire ou non s’est installé…. L’argent est devenu le seul et unique souci d’une grande majorité qui a perdu de vue, dans les brumes du passé, les sacrifices petits ou grands de nos anciens…… Et Cassis, notre village, est devenu ce que vous en connaissez !!!
Comme quoi, il est bien je crois, de jeter un oeil en arrière.
Pour ne pas tout oublier, définitivement.
On pourra revenir, si l’on veut, sur cette période historique de triste mémoire. D’autre que moi pourraient le faire aussi, non ?
Roger FROSINI
L’opération Dragoon :
 

Commencée le 15 août 1944, pendant la Seconde Guerre mondiale, l’opération Dragoon fut le débarquement en Provence (entre Toulon et Cannes) des troupes Alliées au sud-est de la France occupé par les Allemands.

L’opération Dragoon incluait un atterrissage de planeurs (opération Dove) et un faux débarquement dans le nord de l’Italie (opération Span).

La défense allemande composée de la XIXe armée (essentiellement des troupes étrangères) est dégarnie, notamment de la 11e Panzerdivision, suite à l’envoi de renforts vers le front de Normandie. Ensuite Hitler opère un repli pour éviter l’encerclement mais ordonne la destruction des ports de Toulon et Marseille et de garder ces deux villes.

La veille, Radio Londres diffuse le message pour la Résistance : « Le chef est affamé. »

Comme lors de l’opération Overlord (nom de code du débarquement en Normandie), le plan de bataille prévoit une division des troupes en différentes « forces » avec toutes un but précis. L’assaut naval eut lieu sur les côtes varoises entre Toulon et Cannes plus précisément de Cavalaire à Saint-Raphaël. 880 navires anglo-américains, 34 français et 1 370 navires pour le débarquement.

– Carte du débarquement :
– 16-0026

16-0027

– La 3e division d’infanterie américaine débarque à Cavalaire le 15 août 1944.

Durant la nuit du 14 août, les commandos français sont débarqués sur les flancs du futur débarquement :

* Au nord Force Rosie (groupe naval d’assaut français, capitaine de frégate Seriot) débarque à Miramar pour couper la route aux renforts allemands venant de l’ouest.
* Au sud Force Romeo (groupe français de commandos d’Afrique, lieutenant colonel Bouvet) débarque à Cavalaire pour réduire les défenses allemandes du Cap Nègre.

La Force Sitka constituée de la 1st Special Service Force et commandée par le Colonel Edwin E. Walker se charge la même nuit de détruire les batteries des îles côtières de Port-Cros et du Levant situées devant Hyères.

Trois divisions américaines ont formé la Force Kodak du Général Lucian Truscott. Les troupes d’assaut du 6° Corps Américain sont elles-mêmes divisées en trois forces :

* La Force Alpha du général John W. O’Daniel, composée de la 3e Division d’infanterie et du Combat Command 1 de la 1re division blindée française du général Sudre, débarque du côté gauche à Cavalaire et Saint-Tropez.
* La Force Delta du général William W. Eagles, composée de la 45e division d’infanterie, au centre à La Nartelle.
* La Force Camel du général John E. Dahlquist, composée de la 36e division d’infanterie, du côté droit à Saint-Raphaël.

L’objectif était de débarquer et de constituer une ligne de front de 25 km de profondeur (appelé Blue Line). Puis, d’avancer vers la vallée du Rhône et prendre contact avec le 2e corps français.

L’assaut aérien

L’assaut aérien se composait d’un parachutage d’hommes et de matériel entre Muy et la Motte avec 5 000 parachutistes de la 2e Brigade indépendante britannique et des planeurs américains pour les véhicules. Ils étaient parachutés depuis l’Italie. L’objectif était de s’emparer du Muy et des hauteurs de Grimaud afin d’empêcher l’afflux de renforts ennemis depuis l’ouest.

Nota : En renfort aux paras, près de 500 planeurs américains de type Waco, et anglais de type HORSA partiront d’Italie et apporteront toute la journée du 15 août le matériel lourd, les jeeps, et le ravitaillement afin de permettre aux paras de garder le contrôle du Muy, point stratégique pour barrer la route aux troupes ennemies.
Ils prendront ensuite à J+1, et ce avec l’aide de la résistance, le Grand Quartier Général du LXIIème corps de la 19ème armée Allemande à Draguignan.

C’est la Force Rugby du général Robert T. Frederick qui en eut la charge. Cette force se composait des compagnies suivantes :

* 1st Airborne Task Force
* 517th Airborne Regimental Combat Team: composé du 517th PIR (Parachute Infantry Regiment)
* 460th PFAB (Parachute Field Artillery Battalion), et du 596th PCEC (Parachute Combat Engineer Company)
* 509th Parachute Infantry Battalion.
* 1st Battalion du 551st Parachute Infantry Regiment
* 550th Glider Infantry Battalion
* 2nd Independant Airborne Brigade (British Army, du gén. Pritchard).

L’assaut aéronaval

À l’aube du 15 août, les Alliés déploient la Task Force 88 au large de la Provence. Cette force tactique a pour mission d’assurer la couverture aérienne du débarquement dans un premier temps, puis d’aider les troupes débarquées dans leur progression dans un deuxième temps.

Après l’assaut

Le 16 août, à J + 1, débarque la Force Garbo de la 7e armée US commandée par le général Alexander Patch composée du 6e corps US et de l’armée B commandée par le général de Lattre de Tassigny.

Des divisions françaises accompagnent l’armée B :

* 2e corps d’armée français (armée B) du général de Larminat
* 1re DMI du général Brosset
* 3e DIA du général Monsabert
* 1re DB du général du Vigier

Les trois quarts de la Force Garbo étaient sous commandement français avec pour moitié de troupes des colonies. L’objectif était de faire une poussée vers Toulon. Une semaine plus tard, l’armée B est complétée par :

* 9e DIC du général Magnan
* 2 groupes de Tabors marocains du général Guillaume.

Le bilan de l’opération Dragoon

Au total, plus de 94 000 soldats et 11 000 véhicules ont été débarqués le premier jour. La nouvelle du succès rapide de cette invasion, avec une avancée profonde en vingt-quatre heures, a déclenché un soulèvement important de résistance dans Paris.

En deux semaines la Provence aura été libérée. Grenoble est libérée le 22 août (soit 83 jours avant la date prévue), Toulon le 23 août, Montélimar le 28 août et Marseille le 29 août. Les forces alliées, remontant la vallée du Rhône, rejoindront le 12 septembre, à Montbard, au cœur de la Bourgogne celles du front de l’ouest.

Deux bateaux coulés à l’entrée du port le 22 juin 1944 :
« Le PRESIDENT DAL PIAZ » de la Cie Générale Transatlantique
et le « SAMPIERO CORSO » de la Cie Fraissinet.
(Photo envoyée par Cathou Sighièri) 16-0028

Le DAL-PIAZ et le « SAMPIERO CORSO.
(Photo envoyée par Georges Boyer)
16-0029

– Environ 1944-46 : Yolande BOCCHI épouse TEISSEIRE.
(devant le « SAMPIERO CORSO et « LE PRESIDENT DAL PIAZ »).
(photo de Nicole TEISSEIRE envoyée par Cathou Sighièri)
16-0030

La Libération de Cassis (suite)
Lou targaïre a bien rappelé et situé les faits.
Pour moi la fin de l’occupation allemande ça a été: après la nuit du débarquement en Provence suivi dans le ciel de la baie de Cassis par le tracé lumineux des obus des bateaux, voir les occupants logés dans le coin où j’habitais fuir par le petit chemin de colline (devenu aujourd’hui l’avenue Colbert), et la joie le lendemain à l’apparition des premiers « Tabors » marocains qui se sont arrêtés sur la route de Marseille (aujourd’hui av.Jules Ferry), couverts de poussière et morts de soif, abondamment désaltérés d’eau fraîche apportée par des riverains… et les drapeaux tricolores qui se montraient subitement aux fenêtres des quelques maisons des alentours. Puis le reste du détachement s’est avancé, conduit par l’officier (Lambert d’après Lou targaïre) se renseignant comment arriver à Marseille derrière la vierge de la Garde en passant par le Roy d’Espagne, en évitant au mieux le camp de Carpiagne. C’est un Cassiden, ancien habitant de Mazargues et connaissant bien ce quartier qui les conduisit. Il faut dire qu’à la place des immeubles et lotissements qui bordent les voies de ce coin (av.DE Lattre et Brd.Michelet) existaient seulement quelques belles habitations bourgeoises et de grandes campagnes où les gosses de Mazargues allaient jouer.
Dans les mois qui suivirent les traces de l’occupation elles aussi disparurent: les chicanes qui coupaient tout accès à Cassis furent détruits ainsi que les petits blockaus qui les gardaient.
J’appris aussi par la suite que durant tout le temps de la guerre un couple de juifs allemands avait été caché et aidé dans notre village: il s’agissait des grands parents du nom de BERLINER; leurs enfants et petits-enfants avaient réussi à partir pour les Etats-Unis; mais eux ont jugé qu’ils étaient trop âgés pour une telle aventure et avaient arrêté leur périple à Cassis.
Cela c’est aussi un bout d’histoire de notre village ; je l’ai gardé en mémoire avec assez de force pour vous l’apporter sur le forum, grâce à mon ami Lou Targaïre et son ordinateur.
Au revoir! A une autre occasion, peut-être !
ZIZI

Documents anciens rares – 40/47 …le Rationnement –
(Photo envoyée par Roger Frosini)

16-0031

16-0032

16-0033
Monnaie France- recto et verso : Cinq francs 1939. Dix francs 1942. Dix francs 1942.
16-0034 16-0035


9 Commentaires

  1. Je recherche Gilbert SAVON qui a son nom à Cassis.
    Etait il dans la résistance ? Ce nom SAVON de quelle origine pourrait il être. J’ai vu qu’à la Martinique il y en avait 10 dont les anciens esclaves qui sont leur ancêtres.
    Si vous avez des réponses, merçi de me les transmettre.
    Sincères salutations

    • Nicolas SAVON dit :

      Gilbert savon était le frère de mon grand père
      Savon était à la base Savona (nous sommes originaires de la ville éponyme en Italie ligurie à proximité de Gêne) francisé au 18 eme siècle lors l’arrivée en France de mes ancêtres

  2. Merci aux français qui nous ont permis de vivre libre aujourd’hui et de saisir le sens du mot …. honneur

  3. Isabelle dit :

    Bravo et merci pour avoir partagé ces photos de notre cher joli village. Nous sommes fier d’y vivre !!

  4. CAMPANA dit :

    De passage à Cassis, par hasard j’ai vu la plaque de michel Blanc, j’ai cherché à savoir pour ma culture personnelle,

    bien sur respect total pour ces femmes et hommes qui ont oeuvrés pour nous,

    p Campana

  5. greg clo dit :

    Le plus pointue des internautes trouvera son compte sur L’occupation et la Libération de Cassis ! Cassis-Forum. Merci !

  6. dj 18 dit :

    Il apparaît que les acclamations soit de rigueur pour L’occupation et la Libération de Cassis ! Cassis-Forum, qui ne fait pas que toucher le public, mais arrive à l’envoûter. Un très grand bravo à eux !

  7. Louis Dallest dit :

    Bravo pour tous ces témoignages et pour le rassemblement de toutes ces données historiques.
    Je ne vois pas grand chose sinon rien sur l’arrivée de allemands à Cassis au lendemain du 11 novembre 1942 où la Zone Sud est Occupée.
    J’ai personnellement assisté, alors que j’avais 6 ans, à cet évènement depuis Le Golfe alors que le premier couple à side-car s’arrêtait devant La Marine.J’en conserve une vision très nette.
    Je n’ai malheureusement pas de photo mais peux développer l’information.

  8. DAGO Désiré dit :

    Merci beaucoup pour ces souvenirs qui font prendre conscience de l’existance
    Merci pour tout.

Répondre à CAMPANA Annuler la réponse

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *